Incarner les valeurs d’authenticité, d’ambition et de résilience dans le cadre d’un accompagnement d’équipe

Dans le cadre d’un accompagnement auprès d’enseignants mis en difficulté par une classe de lycéens particulièrement dissipés, je proposai un tour de table en demandant à chacun d’exposer son ressenti concernant la situation. 

Pour favoriser l’écoute et protéger la parole de chaque membre du groupe, j’indiquai que seule la personne ayant dans les mains la “balle de parole” pouvait s’exprimer, les autres étant tenues d’accueillir son témoignage. J’indiquai également que la parole était libre et que chacun pouvait partager exactement ce qu’il souhaitait. Sur ces mots, je confiai la balle à ma voisine de droite. Elle la saisit, prit le temps de regarder tout le monde droit dans les yeux, et prononça le mot “colère”. Puis elle donna la balle à la personne assise à côté d’elle. “Attendez !” m’écriais-je spontanément. “Vous ne pouvez pas en rester là ! Que voulez-vous dire ? Que faut-il comprendre ?”

Elle se tourna vers moi avec un air étonné : “je croyais que nous étions libre de dire ce que nous souhaitions…”. 

J’étais complètement déconcertée. Je venais de me contredire dès la première intervention. Tout le monde s’est tourné vers moi pour attendre ma réponse. Allais-je “forcer” cette enseignante à développer son propos ? 

Vous imaginez bien que je me suis excusée platement, réaffirmant qu’elle avait entièrement raison et reconnaissant mon erreur. Je partageais également que j’étais si impatiente et désireuse de travailler avec eux que j’imaginais pouvoir obtenir leur confiance et confidences d’emblée, ce qui était très présomptueux de ma part.

Comment accompagner une transformation du travail en équipe en promouvant les valeurs d’authenticité, d’ambition et de résilience ?

AUTHENTICITE

Dans la mesure où le plus important pour nous est que chacun soit authentique dans le cadre des échanges, que ce soit en tant que thérapeute, coach, formatrice ou facilitatrice, nous nous astreignons à accueillir chaque parole, quelle qu’elle soit, et nous mettons en place des stratégies pour que l’écoute et le respect de chacun soit observé par tous.

Voici quelques-unes de ces techniques :

  • La balle de parole : seule la personne qui tient la balle en main peut s’exprimer, à l’exception de l’animateur, qui peut intervenir à tout moment, mais uniquement pour garantir le cadre (horaire, respect de la consigne, circulation équitable de la parole entre les participants…). 
  • Le message “je” : les participants sont invités à exprimer leur opinion ou à partager un témoignage à la première personne, pour prendre la responsabilité de ce qu’ils pensent ou ressentent.
  • Les questions avant les réponses : lorsqu’une personne donne son opinion sur un sujet, les autres participants doivent réagir en lui posant des questions. Ils peuvent également reformuler son propos pour s’assurer qu’ils ont bien compris. Cela permet de dénouer de nombreuses incompréhensions et de réduire les polémiques stériles. 

Cette posture est souvent difficile à tenir. Certaines interventions me font grandir par leur sagesse, leur intelligence et leur perspicacité, alors que je me sens résolument en désaccord avec d’autres. Mais tant que le cadre des interventions est respecté, chacun est libre de s’exprimer comme il l’entend.

Le message “je” indique qu’il s’agit d’une opinion et non d’une vérité immuable. De ce fait, chacun écoute sans ressentir l’obligation d’être d’accord. C’est d’ailleurs une phrase que nous répétons lorsque certaines personnes ont du mal à rester à l’écoute. 

Je recadre l’intervention intempestive en demandant : “savez-vous que vous avez le droit de ne pas être d’accord avec ce que untel ou unetelle est en train de dire ?”. Dans la majorité des cas, la personne s’interrompt et prend conscience qu’elle vient de couper la parole à la personne qui est en train de parler. Rassurée sur le fait qu’écouter ne veut pas dire consentir, tout le monde finit par s’apaiser. Et la qualité d’écoute devient palpable.      

AMBITION

Nous définissons l’ambition comme l’envie de voir loin et d’avoir confiance en ses capacités à réussir, même si cela prend du temps. Même si c’est difficile. Même si, au bout du compte, nous ne parvenons pas à atteindre l’objectif que nous nous étions fixé au départ. 

Ne doutez jamais qu’un petit groupe de personnes réfléchies et engagées puisse changer le monde. En fait, c’est toujours ainsi que les choses se sont passées.

Margaret Mead

L’ambition correspond pour nous au fait de croire en soi et de croire en chacune des personnes qui croise notre route concernant sa capacité à grandir, à s’affirmer et à offrir aux autres ce qu’elle a de meilleur.

Cela veut dire que nous encourageons les personnes que nous accompagnons à déployer leurs ailes et à oser rêver grand. 

Il faut viser la lune, car même en cas d’échec, on atterrit dans les étoiles.

Oscar Wilde

Cela veut dire également que nous aimons ancrer nos accompagnement dans le réel et aborder chaque sujet de manière concrète. Nous partons de là où en est chaque personne, chaque groupe ou chaque institution et nous cheminons ensemble aussi loin qu’il est possible d’aller, ensemble. 

Être ambitieux, cela ne veut pas dire que nous abandonnons ceux qui n’iraient pas assez vite sur le bord du chemin. Au contraire, faire partie d’une équipe, c’est apprendre à coopérer, à s’entraider et à apprendre les uns des autres au-delà de nos différences, de nos manques et de nos limites propres en tant qu’individu. 

Voici quelques-unes des techniques que nous utilisons dans le cadre de nos accompagnements pour faire exister la valeur d’ambition au service du collectif :

  • Les temps de créativité et d’intelligence collective : en faisant de la place au “faire ensemble”, nous faisons l’expérience de ce que le travail en groupe, lorsqu’il est bien mené, permet de gagner en force de travail, en complexité, en intelligence et en motivation. 
  • Le codéveloppement entre pairs : lorsque nous organisons des temps de présentation, nous demandons aux participants de proposer deux retours positifs et une suggestion d’amélioration aux personnes qui se sont risquées à exposer leur travail. Nous souhaitons mettre d’abord l’accent sur le travail accompli et les réalisations qui méritent d’être encouragées, pour qu’ils constituent une fondation solide permettant d’être à l’écoute, dans un second temps, des propositions d’amélioration.
  • Les temps de célébration : prendre le temps d’apprécier le chemin parcouru de manière solennelle est un principe essentiel de nos accompagnements. Il n’est pas toujours simple de reconnaître ses qualités, ses avancées ou sa valeur, tant le fonctionnement de notre société nous invite sans cesse à corriger nos erreurs et nos possibles imperfections. Nous souhaitons prendre le contre-pied de cette tendance pour encourager un regard bienveillant sur soi-même et les autres autour de soi. C’est à cette condition, nous semble-t-il, que la confiance et l’estime de soi se déploient et permettent à des projets ambitieux de prendre forme.

RESILIENCE

La résilience correspond à cette capacité à accepter les difficultés lorsqu’elles se présentent, à les affronter en conscience et à trouver des moyens de se reconstruire pour retrouver son équilibre. 

Être résilient, ce n’est pas nier les difficultés lorsqu’elles surviennent. C’est au contraire les accueillir pleinement. 

Accepter les émotions fortes et souvent douloureuses qui les accompagnent. 

Prendre le temps du désarroi, de la tristesse ou de la colère.

Accepter le choc. Et le regarder en face. L’apprivoiser, le décrire, en parler. 

Cela veut dire parfois en passer par le doute, par l’envie d’abandonner ou par le découragement le plus total. 

Mais en parler. En parler encore. En parler toujours.

Sortir de la solitude du traumatisme en l’appréhendant à plusieurs.

En faire autre chose aussi. Le modeler, le dessiner, le chanter, l’écrire, le danser…

User de tous les médias à sa disposition pour le digérer. Et puis renaître. 

La résilience, c’est l’art de naviguer dans les torrents.

Boris Cyrulnik

Il nous arrive d’intervenir dans des institutions en crise. Il nous arrive également de passer par des crises nous-mêmes. Chaque fois, nous avons confiance en nos capacités de résilience, et nous créons des espaces pour développer cette compétence chez les personnes et dans les collectifs que nous accompagnons.

Voici quelques outils que nous utilisons :

  • Apprendre à apprendre de nos erreurs : faire des erreurs est une étape normale de tout nouvel apprentissage. Pour autant, nous n’en retirons des enseignements que parce que nous prenons le temps d’en comprendre les mécanismes et les enjeux. Nous menons cette exploration chaque fois que nécessaire, en mobilisant notre esprit critique et les capacités d’analyse des personnes que nous accompagnons.
  • Prendre le temps d’accueillir les émotions : lorsque notre organisme est soumis à un stress trop intense, les capacités de réflexion se mettent en veille. A l’inverse, la joie et l’enthousiasme alimentent la motivation et l’engagement. Ces émotions font partie intégrante de nos accompagnements. Nous prenons le temps de les partager avec les participants pour en mesurer les enjeux et les effets.
  • Soigner les temps d’ouverture, de clôture et de transition : tous nos accompagnements débutent par des temps d’accueil qui permettent aux participants d’opérer une transition douce entre leurs préoccupations extérieures au projet et les activités qui vont se dérouler. De la même façon, nous terminons chaque temps d’intervention par un tour de clôture qui permet à tous d’exprimer ce qu’ils pensent et ressentent avant de se séparer. 

L’authenticité, l’ambition et la résilience sont les principes fondateurs de notre projet d’accompagnement des équipes. Nous espérons que ces valeurs et la manière dont nous choisissons de les faire vivre vous donneront envie d’en savoir plus et de poursuivre votre découverte de ce site.

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