Culturellement, nous apprenons trop souvent et très tôt que les erreurs seraient des fautes. Dans l’imaginaire collectif, en commettre reviendrait donc à transgresser un interdit moral.
Individuellement, les erreurs affectent l’estime de soi et amenuisent la confiance en soi. Elles génèrent également de la culpabilité : de ne pas être à la hauteur, de ne pas être une bonne personne, de ne pas correspondre à ce que les autres attendent.
Collectivement, elles fragilisent les liens et affectent la motivation au service du projet. Faut-il encore croire que les objectifs pourront être atteints ? Peut-on se fier à ceux qui commettent des erreurs ? Comment se remettre d’une difficulté provoquée par la négligence ou l’incompétence supposées de certains ?
Les erreurs induisent du doute, de l’incertitude et de la suspicion. Pourtant, si vous souhaitez construire un collectif capable de s’adapter aux aléas de son environnement, si vous aspirez à mener des projets innovants qui prennent en compte les défis que vous souhaitez relever, et si enfin, vous avez à coeur d’appartenir à une équipe au sein de laquelle chacun prend des initiatives et déploie tout son potentiel, il va falloir que vous appreniez à :
- Considérer l’erreur comme une opportunité (et non un écueil à éviter à tout prix).
- Prendre soin des besoins des membres de l’équipe pour que chacun se sente capable et autorisé à prendre des initiatives hors des sentiers battus et “ose se tromper”.
- Utiliser des outils de travail en équipe qui permettent d’utiliser les erreurs commises comme des leviers d’amélioration.
- Oser se tromper est un état d’esprit qui s’apprend
Si nous avons si bien su intégrer que commettre des erreurs était interdit, dommageable et honteux, nous pouvons (ré)apprendre qu’il peut tout aussi bien s’agir d’un moyen incontournable de progresser.
Nous pouvons partir du principe qu’une erreur serait le fruit d’un manque d’attention, d’intelligence ou de compétence. Nous pouvons choisir de la considérer comme une preuve de courage et d’initiative.
Il a fallu des milliers d’essais à Thomas Edison pour mettre au point l’ampoule électrique. “Ce ne fut pas épuisant d’échouer autant de fois ?” lui demanda une journaliste quand il présenta son invention au public. “Pas du tout” lui aurait-il répondu. “Pour moi, créer l’ampoule à incandescence fut simplement un processus en deux mille étapes”.
“Essaie. Echoue encore. Echoue mieux” propose Samuel Beckett aux apprentis-écrivains.
Sans proposition, pas de retour possible, pas d’amélioration possible. Pas de projet, tout simplement.
2. Protéger le besoin d’estime et la confiance en soi est nécessaire
Le besoin d’estime fait partie des besoins fondamentaux de l’être humain. Pour autant, selon la pyramide établie par A. Maslow, le besoin de sécurité lui serait prévalent.
Nous ressentons le besoin d’être important et d’avoir de la valeur, mais la menace d’être attaqué, critiqué ou blâmé conduirait nombre d’entre nous à réprimer ses idées, ses envies ou ses initiatives pour protéger l’image de soi.
Oser se tromper est un état d’esprit. Vous devez accepter l’erreur ou l’échec comme une possibilité et travailler à déconstruire vos croyances limitantes (ces petites voix dans votre tête qui vous promettent l’échec, annonce votre déroute ou font toujours grand cas de vos insuffisances). C’est l’auto-censure qui freine nos prises d’initiatives. Et si vous n’osez pas, vous n’apprendrez jamais.
3. Apprendre de ses erreurs prend du temps et nécessite une méthode
Il s’agit de repérer ses erreurs, de les analyser, d’en tirer des enseignements et d’inventer une nouvelle manière de penser et/ou de faire. Comment repérer qu’une erreur a été commise ? Quels apprentissages en retirer et quels moyens mobiliser pour inventer et innover en les prenant en compte ?
La démarche d’amélioration continue d’un projet collectif requiert des outils spécifiques pour être opérante. Qu’en est-il des outils qui permettent de prendre soin des besoins psychoaffectifs des membres du groupe ?
Prenez-vous suffisamment soin des besoins de sécurité, d’appartenance et d’estime pour créer les conditions de la prise d’initiative au sein de votre équipe ?
Au sein d’une équipe, le besoin d’estime de soi se transforme en besoin de reconnaissance
Vous sentez-vous en sécurité au sein de votre équipe ? Vous sentez-vous autorisé à exprimer ce que vous pensez et à prendre des initiatives ?
Les conflits de personnes sont souvent assimilées à des guerres d’egos. Pour préserver l’image positive de soi, certains cherchent à monopoliser le temps de parole, à empêcher les autres de s’exprimer, à imposer leur point de vue ou à utiliser tous les moyens de coercition à leur disposition pour préserver leurs avantages au sein du collectif ou de l’institution.
Le besoin d’estime de soi nous conduit parfois à reléguer au second plan les conditions de réussite du projet commun.
Quand les besoins des individus et les conditions de réussite du projet collectif entrent en tension
Les personnes rassemblées pour mener un projet commun peuvent se résumer à des individualités mises bout à bout. On ne se soucie plus de la raison d’être ensemble. Chacun se concentre sur ses acquis, sa place et ses préoccupations individuelles.
Comment se recentrer sur ce qui fonde l’action commune ? Comment recréer un sentiment d’appartenance qui soit au service du projet ?